Résumé :
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Le matin du samedi 9 janvier 1993, le "docteur" Jean-Claude Romand assassinait sa femme et leurs deux enfants. Il se rendait ensuite chez ses parents qu'il tuait également... On se souvient de cette affaire qui devait aboutir, en 1996, à la condamnation de Romand à la réclusion à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans. Mais, auparavant, l'enquête révélait que Romand n'était pas, n'avait jamais été médecin, qu'il avait trompé pendant près de vingt ans son entourage et que l'édifice de mensonges et de dissimulations qu'il avait soigneusement construit menaçant de s'écrouler, il n'avait pu imaginer d'autre solution que d'en supprimer les plus proches victimes, ceux dont il ne pourrait supporter le regard après qu'il eût été démasqué. C'est peu dire que dire qu'Emmanuel Carrère a vécu avec cette histoire toutes ces dernières années : il semble qu'elle ait hanté ses jours et ses nuits, sa vie tout entière. Au point qu'il n'a sans doute pu s'en délivrer qu'en écrivant ce livre. Etrange livre au demeurant, qui emprunte plus au roman qu'au document, même si rien n'est ici avancé qui n'ait été vérifié ou qui ne soit sorti du dossier de l'instruction et du procès. Livre difficilement supportable que l'on lit cependant d'une seule traite, dans la fascination et l'étonnement. C'est qu'Emmanuel Carrère non seulement raconte, reconstitue, essaie de comprendre une histoire affreuse qui nous touche au plus profond, mais il s'engage aussi totalement, il s'engage bien au delà de ce qu'exigerait la simple restitution même talentueuse et convaincue. Il est présent à chaque page, comme si quelque chose ici le concernait directement, comme s'il s'agissait d'une énigme personnelle à régler coûte que coûte. Cela donne à ces pages une tension et une intensité que peu de romans sont à même de seulement suggérer.
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