Résumé :
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Lorsque, le 4 janvier 1960, Camus trouve la mort dans la voiture de Gallimard, il a sur lui le manuscrit inachevé d'un roman intitulé Le premier homme: des pages écrites à la main, sans ponctuation, par endroits indéchiffrables, n'ayant pas encore trouvé leur forme définitive, qui, pourtant, devaient être, selon Camus, son roman le plus important. 34 ans plus tard, après la mort de sa mère et profitant de la renaissance de Camus, sa fille Catherine publie cette œuvre posthume. Bien que le personnage principal s'appelle Jacques Cormery (le nom de sa grand-mère maternelle), le lecteur devine dès le début que c'est une œuvre à traits autobiographiques. Le premier chapitre intitulé Recherche du père commence par le récit inoubliable de la naissance de Jacques, une nuit d'automne de 1913, dans un petit village près d'Alger où son père devait prendre la gérance d'un domaine. Quarante ans plus tard, le lecteur accompagne Jacques à Saint-Brieuc sur la tombe de son père qui, à peine installé dans son village algérien, dut partir à la guerre où il fut mortellement blessé en novembre 1914. Bouleversé par l'idée que «l'homme enterré sous cette dalle, et qui avait été son père, était plus jeune que lui », le narrateur en trace le portrait tout en reconstruisant d'une façon touchante la genèse des idées morales et philosophiques de son père, qui sont aussi celles de Camus: l'honneur et la justice qui sont la dignité du pauvre, même à la guerre et au-delà des différences. Dans de très belles pages, le narrateur fait revivre son enfance, dont on ne savait pas grandchose, dans la rue de Lyon, à Alger, enfance marquée par une grande pauvreté qui impose des contraintes dans tous les domaines de la vie quotidienne, mais qui est vécue avec dignité. Sans père, le garçon est élevé plus par la grand-mère, une femme travailleuse, très dure et droite, que par la mère effacée et silencieuse qu'il aime d'un grand amour qui durera toute sa vie. Malgré ce denuement, Jacques vit une enfance heureuse grâce aux plaisirs simples que procurent le soleil, la mer, le football et les copains. Conscient des talents du garçon, M. Bernard, son instituteur, persuade la grand-mère et la mère de consentir à l'énorme sacrifice d'envoyer Jacques au lycée.
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