Résumé :
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La découverte de l'Accompagnatrice de Nina Berbérova, dans la traduction de Lydia Chweitzer, fut pour nous aussi émouvante que celle de BALEINE de Paul Gadenne, ou de SENSO de Camillo Boito. Il y a là, en effet, l'un de ces romans que leurs dimensions modestes parent d'un éclat impitoyable. En quelques scènes, où l'économie des moyens renforce l'efficacité du trait, Nina Berberova raconte les relations d'une soprano, issue de la haute pétersbourgeoise, avec Sonetchka, son accompagnatrice, bâtarde et pauvre ; elle écrit leur exil dans les années qui suivent la révolution d'Octobre, et leur installation à Paris où leur liaison se termine dans le silence paroxysme de l'amour et de la haine. Virtuose de l'implicite, Nina Berberova sait tour à tour faire peser sur les rapports de ses personnages l'antagonisme sournois des classes sociales et l'envoûtement de la musique (il y a sur la voix quelques notations inoubliables) . Par ce roman serré, violent, subtil, voici enfin reçue en France, où elle passa plus de 20 ans avant de s'exiler définitivement aux Etats-Unis, un écrivain de pure race.
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